L’Argentine, sur un air de tango
Les vols sont compris.
Milonguitas, tango, Buenos Aires et Bariloche !!!
Plus qu’une simple danse, le tango est une véritable religion en Argentine. Né dans les quartiers obscurs de la capitale, il est devenu une danse intemporelle et unificatrice au fil des temps. Vous voulez vous y essayer ? Afin d’arriver préparés et de pouvoir vous lancer sur la piste, on vous explique tout !
Tango et Paris, une histoire entremêlée
De nombreux lieux existent à Paris permettant d’apprendre ou de s’essayer à la pratique du tango le temps de quelques heures. Toutefois, il ne faut pas réduire notre relation à la danse à cette simple dimension technique. C’est en effet en partie grâce à l’Hexagone que le tango a pris son envol pour devenir une danse réputée.
Pour le comprendre, il faut remonter au début du XXe siècle. Le développement économique du pays donne naissance à une classe aisée dont les enfants vont s’encanailler dans les mauvais quartiers argentins où ils apprennent le tango. Profitant de leur aisance financière, ils voyagent régulièrement en Europe et plus particulièrement à Paris, capitale culturelle de l’époque. Sur place, les habitants sont partagés entre choc et excitation face à cette danse sensuelle. C’est le début d’une “Tangomania” qui emportera toute l’Europe puis les États-Unis sur son passage. Même s’il s’agit d’une version « allégée » de ce qui se danse alors en Argentine, cette reconnaissance française lui donne paradoxalement ses lettres de noblesse en Amérique du Sud.
En 1913, le journal le Mercure de France, dans son édition de février, décrit ainsi la situation. “En attendant qu’il sorte socialement quelque chose de l’effervescence actuelle que nous communiquons à l’Europe, nous avons le tango ! Les âmes se trémoussent autant que les derrières, dans cette fureur de danse, et nous écrivons les âmes, avec le sentiment du vague que le mot implique. Voilà deux ou trois ans, le pas du dindon ou celui du Grizzly Bear, importés du nord américain après le cake walk, cette grimace de nègres, préoccupaient la jeunesse. Aujourd’hui, de douze à soixante ans, les enfants des deux sexes et de toutes conditions dansent le tango. Il y a des membres des grands corps de l’État, des poétesses et jusqu’à des aïeules qui n’ont jamais rien fait.”
Victime collatérale de la dictature
Comme beaucoup de pays de la région, l’Argentine a connu son lot de dictateurs militaires au cours du XXe siècle. Ceux-ci ont été régulièrement accompagnés de censeurs moralisateurs qui voyaient dans le tango une danse corruptrice qu’il fallait contrôler à défaut de pouvoir endiguer.
La censure a pris plusieurs formes. Il s’agissait parfois de simplement renommer des chansons aux titres un peu osés ou d’en modifier les paroles. Ou parfois purement et simplement interdites de diffusion. L’une des plus célèbres est sans aucun doute Cambalache, que vous avez notamment pu entendre dans la série Narcos. Écrite en 1943, pendant la “Décennie Infâme” du pays, elle dénonce très généralement les maux de la société. Cependant, elle est restée très longtemps interdite sur les radios du pays…
Dans le même temps, alors que débute la seconde partie du XXe siècle, d’autres styles de musique commencent à s’imposer comme le rock porté par les Beatles à partir du début des années 60.
Le renouveau du tango
C’est au début des années 90 que le tango redevient à la mode. La fin des dictatures militaires et un spectacle né à Paris “Tango Argentino” relancent la hype. C’est aussi le retour à un tango plus spontané, plus imprévu, loin de la danse de salon qu’il est devenu entre-temps en Europe.
À l’heure actuelle, Buenos Aires abrite plus de 200 milongas (lieux où l’on pratique le tango) qui permettent de danser le tango ou d’observer un spectacle. La capitale argentine, entraînant dans son sillage une grande partie du pays, est devenue une gigantesque piste de danse.
Au pays de Messi et du Pape François, le Saint-Esprit est sans aucun doute danseur de tango. Il faut le vivre pour en comprendre la portée. Pour beaucoup d’Argentins, le tango est devenu une véritable religion. Pour le pays, il s’agit aussi d’un véritable aimant à touristes. Les autorités l’ont bien compris et facilitent son développement tout en renforçant son attrait. En 2009, Buenos Aires et Montevideo sont déclarés Patrimoine Culturel Immatériel de l’Humanité par l’Unesco.
On a aussi assisté au développement d’une économie parallèle autour du tango. Les écoles bien sûr mais aussi des danseurs professionnels que l’on peut louer le temps d’une soirée. Baptisés “taxi-dancers”, ils constituent sans aucun doute une solution intéressante pour les personnes timides ou qui ont peur d’y aller seuls. Ils proposent souvent un cours privé pour commencer. Ensuite, leur connaissance des lieux leur permet de savoir dans quel lieu vous emmener et quel sont les “codes” sur place. Surtout, ils vous assurent de pouvoir danser autant que vous en aurez envie !
Petit lexique du tango
Vous allez danser le tango ? Petite liste de mots-clés spécifiques qu’il vous sera indispensable de connaître en arrivant.
Milonga : C’est un terme qui est utilisé de deux manières par les Argentins. Il désigne à la fois le bal et le lieu où on se retrouve pour danser. À noter que deux milongas peuvent partager la même adresse selon le jour de la semaine ou l’heure. Dans certaines parties de Buenos Aires, on utilise aussi le mot Bailongo. Enfin, il permet aussi de décrire un tango plus intense, plus rapide.
Mirada et cabeceo : Ici, on ne demande pas à un partenaire de danser en lui prenant la main ou en lui susurrant une proposition à l’oreille. Il s’agit avant tout d’un jeu visuel. Tout d’abord, attirer l’attention d’un regard. Puis, un geste de la tête discret pour inviter à danser. De quoi restreindre la séduction à son expression la plus basique mais aussi la plus sensuelle. À vous de faire parler votre charme sur la piste de danse ensuite.
Practica : Il s’agit d’un entraînement. Indispensable avant de vous lancer sur la piste de danse. Traduit littéralement ce mot signifie stage, mais l’idée est plus celle d’une milonga informelle où vous pourrez tester vos mouvements.
Tanda : Le tango malgré son aspect spontané reste très codifié sur d’autres éléments. La tanda correspond à une suite de 3 à 5 musiques, généralement liées par une thématique ou un style commun. La rupture avec la musique suivante est nette.
Despedida : “L’au revoir” ou “l’adieu” en espagnol. Il s’agit à la fois du nom donné à la dernière danse d’une tanda et à la fin de la soirée. C’est le moment idéal pour changer de partenaire ou faire une petite pause par exemple.
Garcha : Attention si quelqu’un vous adresse cette expression populaire en Argentine. C’est un terme grossier issu des bas-fonds de la capitale qui s’emploie contre une personne qui bouscule les autres sur la piste de danse. Pensez à bien regarder autour de vous !
5 règles à respecter pour aller danser le tango !
Bien choisir le lieu. Toutes les “milongas” ne se valent pas et ne sont pas non plus identiques. Il est donc crucial de se renseigner, de demander des conseils afin de bien choisir. Vous ne voudriez pas devoir pratiquer le tango électro ou vous retrouver dans un espace dédié aux spécialistes alors que vous débutez !
Choisissez bien vos partenaires. Il s’agit d’une règle non écrite mais qu’il est important de connaître pour éviter l’incident diplomatique. N’invitez jamais à danser quelqu’un du sexe opposé qui est assis à côté d’une personne pouvant être son partenaire. Les personnes “disponibles” sont plus souvent assises seules ou déjà sur la piste de danse. S’il n’y a personne, prenez donc votre mal en patience et montrez que vous êtes prêts à danser.
N’allez pas plus vite que la musique. Le tango n’est pas une course. Bien réalisé, il s’agit presque d’une chorégraphie qui ne dit pas son nom entre les différents couples. Sur la piste, on se déplace dans le sens inverse des aiguilles d’une montre et on ne dépasse jamais le couple devant soi ! Si vous êtes débutants, privilégiez les cercle de danseurs à l’intérieur afin de ne pas gêner ceux qui dansent bien (ou le pensent !)
Un minimum de 4 à 5 danses avec la même personne. On vient de vous inviter à danser. Bravo ! Toutefois, si vous voulez faire une pause, attention ! La coutume veut que l’on reste avec le même partenaire. Une tanda est en général constituée de 4 à 5 danses successives. Bien sûr, si vous êtes particulièrement inconfortable, ne vous forcez pas non plus !
Silence, on danse ! Une milonga peut être un endroit parfait pour rencontrer des locaux. Mais pas pendant la danse. Par définition, dans le tango, c’est votre corps qui s’exprime pas votre langue. Afin de pouvoir profiter de l’expérience, concentrez-vous donc sur votre partenaire et ses mouvements.
Comme pour tout, rien ne vaut la pratique et multiplier les expériences. Alors si vous souhaitez revenir d’Argentine comme un danseur de tango émérite, multipliez vos sorties et vos partenaires de danses. Et dansez, dansez jusqu’au bout de la nuit…
En savoir plus sur le voyage qui vous permet de redécouvrir votre passion pour le tango en Argentine !